mardi 10 juillet 2012

Marsiho, André Suarès, un grand texte servi par un magnifique acteur, Philippe Caubère au Théâtre des Carmes à Avignon

"Par un matin de pierre dure, au temps de Pâques, entre avril et mars, si tu peux rester debout sur le balcon de Notre-Dame-de-la-Garde, quand souffle le mistral et que l’équinoxe joue à la balle avec les bateaux sur la mer, tu fais, sans quitter le roc, la traversée de la tempête la plus sèche qui soit au monde. Regarde Marseille sortir du sommeil, secouer la première paresse qui suit le réveil, et se ruer à la vie de nouveau. Tiens-toi ferme à la rampe. Tu es sur le pont du plus haut bord entre tous les navires; tu n’as peut-être pas ton bon sens si tu te crois à l’ancre. le ciel craque. La grande haleine éparpille le soleil en poudre d’or; elle vibre; jamais elle n’est tarie, jamais elle ne retombe; elle se tisse elle-même en rayons qui dansent. Et les trombes blanches de la poussière se poursuivent dans les rues et les chemins, comme si la terre secouait sa farine. L’air blanc est de pierre; de pierre blanche, la ville. Au loin, les Accoules en pierre rose ont un air de laurier en fleurs; et tout est pris dans l’étau de la mâchoire en pierre bleue du ciel et de la mer."




Marsiho, André Suarès, Jeanne Lafitte éditeur

1 commentaire:

  1. De tout coeur avec vous, pour dire que le spectacle de Philippe Caubère est magnifiquement généreux !
    sur ce lien j'ai essayé d'écrire à propos d'André Suarès et de Marsiho

    http://www.galerie-alain-paire.com/index.php?option=com_content&view=article&id=190:deux-interpretes-pour-marsiho-suares-louis-jou-et-philippe-caubere&catid=7:choses-lues-choses-vues&Itemid=6

    amitiés, alain paire

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