lundi 26 janvier 2015

Pour Bernard Vargaftig, un poème de Jean de Breyne, Leçon sur le banc,






Leçon sur le banc, 

à Bernard Vargaftig, 20 juin 2008 



Il donne une leçon 
Il compte les syllabes 
Cela serre le dit 
Cela lance la main 

Je pose sur le livre 
la main qui l’ouvre 
ouvre le carnet 
J’attends la phrase 

Du livre ma phrase 
Du livre l’inquiet 
C’est de l’intérieur 
C’est compter sur lui 

Peut-on dire la tête 
Se trouve l’esprit 
où est la mémoire 
ou est-ce l’oubli 

J’ai su le ventre 
Je sais bien les yeux 
quelques fois l’ouïe 
agissent-ils ensemble 

Qui fait la phrase 
et compter la syllabe 
et l’harmonie seule 
et la fait tomber 

Justement ici 
Immobilité 
ça peut faire l’affaire 
On en n’est pas fier  

Justement pas juste 
quand l’unique ne vient 
d’un rapide trait 
et d’une pensée 

La pensée attend 
Je la crois au bord 
Sa pure syntaxe 
qui tarde à venir 

Où est la pensée 
entre pieds et tête 
Qui peut le dire 
avec arrogance 


Quelle machine ce corps 
qui produit la phrase 
que tous ne prononcent pas 
Nous avons si peur 

Le versant dense 
et incompréhensible 

Alors l’écrire 
Ainsi la sauver 

Permission du dire 
hors conversation 
Pure donnée de joie 
de la rencontrer 

Noter la phrase 
venue de l’autre 
la passer 

Leçon sur le banc, in Lauriers, Jean de Breyne, 2008. Inédit. 





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